2. Cour Camille Ernst

Mis à jour le 14/09/2023

Trois sculptures représentant l’Hérault, l’Orb et le Lez

De part et d’autre de l’entrée, les trois grandes sculptures en marbre de Carrare sont des allégories du fleuve Hérault, de l’Orb et du Lez. Elles ont été commandées au sculpteur biterrois Antonin Injalbert (1845 – 1933) pour décorer le vestibule donnant accès à la cour centrale et ont été mises en place en 1887.

 

Sur votre droite en passant la porte, l’Hérault est représenté, selon l’iconographie traditionnelle héritée de l’Antiquité, sous la figure d’un vieillard barbu, allongé, tenant une rame sur laquelle on lit la signature du sculpteur et la date : « OPVS A INJALBERT 1886 ». La terrasse sur laquelle repose la figure est ornée de plantes aquatiques et d’anneaux évocateurs des quais qui bordent le fleuve.

 

A votre gauche, un autre vieillard, assis sur un rocher, accoudé à une urne d’où s’échappe de l’eau, symbolise l’Orb, avec les armoiries de la ville de Béziers, la cathédrale Saint-Nazaire et le Pont-canal par lequel le canal du midi franchit le fleuve.

 

La jeune femme nue, allongée sur un rocher et accoudée à une urne déversante incarne le Lez et sa source. En arrière plan à gauche est représenté le château d’eau de la place royale du Peyrou de Montpellier. À droite de la rame, un amour juché sur un lion, l’Amour domptant la force, préfigure l’allégorie dont le sculpteur dotera plus tard l’entrée de la place royale.

Qui était Camille Ernst ?

Camille Ernst, né le 29 septembre 1900 à Sélestat et mort le 1er septembre 1983 à Pars, était un haut fonctionnaire et Préfet français.

 

Issu d’une famille alsacienne catholique, il fut d’abord professeur de lettres et langues vivantes à Paris de 1924 à 1928. En 1928, il est nommé sous-préfet, poste qu’il occupe en 1940 lors de la débâcle de mai-juin. Alors en poste à Bar-le-Duc, il y subit l’occupation allemande et n’aura de cesse d’exprimer son refus de la défaite en encourageant la population à la résistance passive et en entravant chaque fois que possible l’action des occupants. Le 14 juillet 1940, il met le drapeau tricolore en berne à la Préfecture et refuse de le retirer malgré les injonctions. Les autorités allemandes procèdent à son arrestation. Il est condamné à 8 jours de prison à l’issue desquels il est expulsé de la zone occupée vers la zone dite libre.

 

Le gouvernement de Vichy nomme Camille Ernst secrétaire général de la Préfecture de l’Hérault à Montpellier en septembre 1940. Lorsqu’en 1941 les premières mesures d’internement sont mises en vigueur à l’encontre des Juifs, il ne donne pas suite aux instructions reçues et prévient les responsables de la communauté juive lorsque des arrestations et des rafles sont décidées.

 

En 1942, il commence à tisser des liens avec des organisations de Résistance locale : il organise le camouflage de stocks d’armes, facilite le passage de nombreux jeunes vers l’Espagne d’où ils peuvent rejoindre l’Afrique du Nord et délivre de fausses cartes d’identité à des centaines de personnes dont des juifs menacés d’être arrêtés et déportés.

 

En février 1943, les autorités de Vichy font arrêter Camille Ernst à la demande du chef de la Gestapo de Montpellier qui a remonté la filière de production de fausses cartes d’identité. Il est relevé de ses fonctions par le ministre de l’Intérieur et détenu à la prison des Baumettes. Transféré au camp de transit de Compiègne en juin 1944, il est déporté en Allemagne au camp de concentration de Dachau le 2 juillet puis dans un camp de travail proche dont il est délivré par les troupes américaines le 8 mai 1945.

 

Il reprend après la guerre son parcours préfectoral et occupe successivement les postes de préfet des Ardennes, de l’Aisne, de Seine-et-Marne, des Alpes-Maritimes et enfin d’Ille-et-Vilaine.

 

Du fait de son engagement patriotique et humanitaire durant la Seconde Guerre mondiale il sera désigné Juste parmi les nations pour les nombreuses vies qu’il a sauvées.